Energie et climat : le bulletin de notes de Jean-Luc Mélenchon

Energie et climat : le bulletin de note de Jean-Luc Mélenchon

Ce bulletin évalue le sérieux des objectifs proposés (exhaustivité, cohérence, faisabilité technique...) et leur crédibilité au regard des moyens envisagés pour les atteindre. Les notes ne reflètent donc pas une opinion politique : deux proposition contraires peuvent obtenir une bonne note si elles sont réalistes, suffisamment détaillées et cohérentes avec les autres positions du candidat.

> Lire aussi : Marine Le Pen vs. Emmanuel Macron : Comparaison des programmes énergie et climat



Énergie renouvelables 

  • Jean-Luc Mélenchon veut une production d'électricité 100% renouvelable en 2050 et propose pour cela deux leviers : "réduction de la consommation d’énergie - remettant en cause notre modèle productiviste" et développement des énergies renouvelables.
Note : 10/20
Appréciation : Voir loin c'est bien mais regardez quand même où vous mettez les pieds.

Nucléaire

  • Jean-Luc Mélenchon veut sortir du nucléaire avant 2050 et abandonner la modernisation des centrales ("grand carénage"). Cela implique une fermeture rapide des centrales nucléaires françaises mais il ne donne pas de détails sur le calendrier ce qui fait peser un sérieux doute sur la crédibilité de cet engagement.
  • Il veut arrêter la centrale de Fessenheim et en faire un site pilote pour le démantèlement des centrales nucléaires françaises en garantissant l'emploi des salariés. Il veut également abandonner la construction de l'EPR de Flamanville (dont la mise en service est prévue l'année prochaine).
  • Il est opposé au projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure mais ne propose pas d'alternative.
Note : 13/20
Appréciation : Elève ambitieux et appliqué. Le travail manque encore de précision.

Fossiles

  • Jean-Luc Mélenchon veut arrêter les subventions aux énergies fossiles mais ne donne pas de précision notamment sur l'accompagnement social de cette mesure.
  • Il veut taxer les transports routiers et aériens de marchandises et promouvoir les carburants alternatifs, notamment l'électricité et le gaz de synthèse.
  • Il est favorable à l'interdiction d'exploiter les hydrocarbures non-conventionnels (de facto déjà en vigueur depuis la loi Jacob de 2011).
Note : 15/20
Appréciation : L'essentiel y est

 Sobriété et efficacité

Note : 11/20
Appréciation : Attention à ne pas refaire les même erreurs !

Climat

  • Le climat apparait peu dans le programme de Jean-Luc Mélenchon malgré des prises de position dans certaines interventions publiques. En particulier, il manque une réflexion sur la lutte contre le changement climatique en politique étrangère et dans (ou en dehors) de la politique européenne.
Note : 9/20
Appréciation : Décevant surtout à l'écrit

Économie et fiscalité

  • Jean-Luc Mélenchon veut inscrire une "règle verte" dans la Constitution. Plutôt mal définie sur le plan pratique et juridique cette règle interdirait de prélever plus de ressources que la nature ne peut en reconstituer.
  • Il veut nationaliser les entreprises du secteur de l'énergie, notamment EDF et Engie. Une telle décision ne semble pas impossible mais elle est encadrée juridiquement et nécessiterait des indemnisations se chiffrant en dizaines de milliards d'euros. On peut aussi se demander pourquoi nationaliser EDF dont l’État possède déjà 83% : l'actionnariat public ne semble pas y être un gage de réussite et de défense de l’intérêt général...
  • Il veut que l'énergie soit gratuite pour les besoins de première nécessité et propose une tarification progressive du gaz et de l'électricité. 
  • Il souhaite que l'empreinte carbone et énergie soit intégrée dans la commande publique.
Note :12/20
Appréciation : Beaucoup d'idées. Un tri et un peu de précisions ne feraient pas de mal.

Les autres bulletins de notes :

Publié le 20 avril 2017 par Thibault Laconde



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2 commentaires :

  1. Votre apréciation sur le nucléaire est incompréhensible par rapport à celle sur les autres candidats. Fermer Bure sans avoir de solution pour le remplacer c'est de la pure solution de facilité.

    Pour le nucléaire mais aussi d'une manière général, et je vais détailler sur quelques points, le coût ou les pertes de recette de tout ce qui est proposé là est impressionant, aucune piste n'est suggéré sur comment ce serait financable, donc en l'absence de même un début de financement réaliste, c'est totalement inapplicable.

    Ne pas démarrer Flamanville, c'est faire subir 10 milliards d'euro de perte comptable à EDF. La fermeture de Fessenheim a ajoute une autre et des pertes de recette. Arréter la facturation de l'électricité pour les besoins de première nécessité, c'est une énorme perte, et montre son ignorance du sujet. Les besoins de première nécessité forcément cela inclut l'eau chaude sanitaire, et dans des foyers sans chauffage thermique et sans cuisine gaz, le chauffage et la cuisine. Bien sûr, cela inclut les frigo. Donc en volume, c'est la majorité de la consommation électrique ! La console de jeu, c'est pas de première nécessité, mais c'est très difficile à isoler du volume du reste, et ça représente en volume une part négligeable. Pour la télévision, ce sont les plus pauvres qui en consomment le plus faute d'accès à des activité en dehors du foyer, une facturation punitive sur sa consommation les toucheraient en premier.
    Bref idée fausse, inapplicable dès que l'on creuse, peut-être que certains usages pourraient être surtaxés, si vous décidez de transformer votre jardin en illuminations de Versailles toute la nuit, mais ils sont extrêmement difficiles à isoler de la consommation légitime, et en aucun cas cette surtaxe ne pourrait financer la gratuité des usages de première nécessité.

    Sur les subventions aux énergies fossiles, pareil manque de compréhension du sujet, qui s'explique par le fait que des idées fausses sont à nouveau largement diffusés à ce sujet, mais qui reste tout aussi fausse au final. Il n'y a aucune subvention directe d'énergie fossile en France. Les seuls montants qu'on peut identifier de ce type sont des allègements de charges sur le raffinage, les suprimer déplacerait seulement les emplois liés à l'étranger, et la subvention à l'école supérieure de l'IFP, institut français du pétrole, qui s'est renommé "IFPEN" avec le EN pour Energies Nouvelles, qui maintenant représentent une part importante de son activité.
    Lorsque des chiffres sont sortis à ce sujet, ils représentent les allégements de charges des consommateurs d'énergie fossile, détaxe pour la péche, pour les agriculteurs, sous-taxation du diesel. Sur les 2 premiers, je ne voit juste pas Mélenchon les supprimer, à moins de décider de détruire la pèche française, ce que je ne le vois pas non plus faire, et sur le dernier ça reste difficile et impopulaire. Il ne faut pas très longtemps pour démontrer qu'une grande partie des utilisateurs de diesels sont à la campagne avec un vrai besoin de leur véhicule pour les déplacements, ils subiraient une grave perte de pouvoir d'achat.

    Bref sur l'énergie, comme d'ailleurs sur le reste, le programme de Mélenchon est demain on rase gratis, grâce à d'énormes sommes d'argents dont on a aucun idée d'où elles sortent.

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    1. Parmi les 5 programmes que j'ai étudié, celui de Mélenchon se distingue nettement par son sérieux. Ça ne veut pas dire que j'y adhère et encore moins qu'il est parfait mais on sent qu'un vrai travail a été fourni ce qui lui permet de présenter un ensemble relativement détaillé et cohérent. Sur le nucléaire, par exemple, la comparaison avec Benoit Hamon qui a pourtant presque le même programme est cruelle.
      C'est ce qui explique une note correcte même si je suis entièrement d'accord avec vous sur Bure.

      Sur la tarification progressive et la distinction première nécessité/superflu. Je ne pense pas qu'il s'agisse de venir mesurer chez vous ce que consomme votre console de jeu mais vous pouvez définir un niveau de consommation "normale" en fonction de quelques facteurs : zone climatique, nombre d'occupants... Ce système est imparfait mais fonctionne bien comme le montre par exemple l'expérience de la Californie. Il pourrait déjà exister en France si, en 2013, le Conseil Constitutionnel n'avait pas censuré la loi Brottes. La difficulté est donc avant tout juridique, point sur lequel Mélenchon n'apporte pas de réponse.

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